14 -MR AMAR -LA FIN DE SES JOURS

LA FIN DE SES JOURS
après avoir quitté le Barry – il a placé son argent en Banque et il a cherché à refaire encore une autre vie – mais il était déjà vieux.. et personne pour l’aider –
Nous, nous avions nos propres problèmes – nos ambitions – nos rêves et nous ne nous intéressions plus trop à lui – même si on l’aimait.. et si on allait le voir au moins une fois par mois. .mais Christiane vivait par intermittente ave lui et s'occuper de lui faire la cuisine et l'entretien de la maison - Ils s'entendaient bien tous les deux ..
Moi j'étais venue un week-end et j'avais passé tous les sols de l'appart au vernis les parquets brillaient tellement qu'on ne pouvait plus marcher sans chaussures de peur de se casser la figure.. et il disait "mais tu m'embettes.. pourquoi que tu les a pas laissé comme ils étaient.."
il ne se fâchait pas mais rouspétait de temps en temps - Il ne se plaignait jamais et supportait tout de la vie et de nous - et quand nous faisions des bêtises qui dépassaient son entendement il disait "imbécile va.."
Il a habitait en plein centre de Bollène et là il pouvait se donner à sa passion : le tiercé – Il disait "quand je gagnerais je vous amènerai visiter l’Algérie "–
Et de temps en temps il recevait un coup de fil de Serge qui l'appelait au secours pour régler ses pertes au pocker.. les chats ne font pas des chiens !!
Et il disait il faut que j'aille à Paris ton imbécile de frère a encore des problèmes.. et il revenaient serge sans sa voiture et le pied dans le plâtre (parce qu'il avait reçu une tanée )et papa rouspétant après cet idiot de fils..

Puis il a loué un premier étage de la ferme Millet – et là il s’occupait de ses poules carottes et salades – il aimait la terre et il était heureux –Il se contentait de peu – la tranquillité et la liberté - Christiane « sa chouchoute » vivait avec lui car elle était divorcée et avait son petit garçon Laurent à élever – son mari a kidnappé le grand Wilfrid qu’il a donné a sa sœur en Suisse – moyennant quelques sous.- Elle a toujours essayé de le reprendre sans succès – elle passait son temps entre la Suisse et la France – Finalement le père de Wilfrid et mort et Wilfrid aujourd’hui a retrouvé sa maman et ils s’adorent...
Finalement on se croyait très fort alors que nous étions si faibles

Christiane a un moment donné est retournée vivre en Suisse pour être près de son fils et papa est resté seul – Serge a donc décidé qu’il irait vivre avec lui à Villeneuve les Avignon – puisqu’a "la Ferme Millet "
Il était tout seul et que le proprio était antipathique.(un vieux paysan bien de chez nous..) Et le loyer de plus en plus cher..

Par contre le fils millet agé à l'époque de 14 ans était très sympa et on lui "plaisait" (à tel point que je l'ai revu cette année et il a épousé une femme de couleur et il a des enfants métisses..  

JUSQU’à la fin de ses jours il a donc vécu à Villeneuve les Avignon – tantôt avec Christiane – Tantôt avec Serge – mais jamais tout seul et c’est dans son lit qu’il est mort à 83 ans un beau matin d’une lésion cérébrale..
Il a vécu et il est mort de la même façon sans « emmerder » personne – jamais il se plaignait – jamais il rouspétait – il ne savait que critiquer les hommes politiques en disant « ce sont tous des voleurs ».. il était gentil mon papa ..
Pas de rancune dans son cœur – un Brave et Grand Monsieur..

Moi je ne vivais pas avec lui mais je ne passais pas un mois sans aller le voir – et les derniers temps je le
Voyais souvent puisque j’ai vécu – après Nice – un an à Avignon –

Il me disait toujours toi tu ne me donnes pas de soucis – tu es tranquille – mais il ne savait pas comment je vivais en dehors de chez lui..
Il ne connaissait de ma vie – que ce que je voulais bien lui raconter.
Lorsque Maman est partie j’étais déjà construite – puisque j’avais 8 ans .. mais Serge en avait 6 et Christiane 2 - ils était si fragiles...

En 1981 il parlait sans arrêt de l'Algérie et nous racontait les histoires comme si elles s'étaient passées la veille et nous avons compris qu'il avait envie d'y retourner avant de quitter cette terre - donc sur le conseil de mon frère et avec son aide financière - j'ai entrepris ce long voyage "avignon/souk-Arrhas" nous étions 3 : ma petite fille Lamiaa qui avait 3 ans - papa fatigué et moi - dépaysée -

En arrivant il nous ont posé mille questions "et pourquoi vous avez quitté l'Algérie" et pourquoi vous n'êtes jamais revenu en Algérie" avez-vous des choses à nous cacher etc;;
Heureusement nous avions un cousin qui travaillait dans l'autorité - ce qui fait que nous avons pu écourter ce questionnaire..
Finalement - nous avons pris un Taxi de Anneba à Souk-Ahras 200km de montagnes avec une Mercedes pas du tout dernier modèle et nous sommes arrivés à Souk-Ahrras ou toute la famille nous attendait - Il fêtèrent papa en grande pompe (sacrifice du mouton) cadeaux et bisous à gogo..
Lui ne retrouvait pas "son algérie" il était perdu -car il y avait beaucoup de monde et tout le monde portait le voile ou la foukia.. Il critiquait tout - il était parti si longtemps ...-
Moi je le sentais fatigué et déçu mais heureux d'avoir revu sa famille..
Nous sommes allés nous recueillir sur la tombe de ses parents et nous avons revu toute sa famille
Nous sommes allés dans la maison de ses ancètres en face du Bordel qui était fermé.. et papa nous racontait sans arrêt des anecdotes et disait "c'est dommage" c'est dommage..

Puis nous avons quitté l'algérie et il a retrouvé sa maison et son confort - un peu triste d'avoir laissé les siens mais heureux..
Les Berbères disent :"ne t'éloignes pas de ton village si tu veux vivre heureux.".
Ils ont raison - l'expatriation nous déchire..