9 -LE BARRY SUITE


Il lui fait part de son projet et le paysan lui propose de lui louer cette caverne - ils signent donc un Bail de 15 ans - renouvelable -
Papa aménage le restaurant et l'endroit où

mais le village est classé - Impossible d'acheter - Il rencontre par hasard un paysan qui ramassait avec son chien des "truffes" –
- il lui pose des questions sur ce village et - hasard ou chance ce paysans connait le propriétaire de la fameuse "caverne" (il faut dire que dans le village il n'y avait pas plus de 100 habitants à la Cité IV ) après le départ des "barragiens"

- Il le rencontre - c'est un Monsieur bourru un paysan qui a hérité de ses parents d'une maison et de terrains  au Barry  - ils sympathisent donc et vont souvent à la chasse ensemble ou à la cueuillette des "truffes" avec leurs chiens -et font de bonnes omelettes..

nous allons habiter - dans la grande caverne une alcove sera la chambre des parents -

un coin de la cuisine sera pour les lits des enfants puis il "contraint" maman à le suivre avec les 3 enfants - Elle est encore enceinte de SUZANE - (à l'époque la contraception était interdite et l'avortement aussi) Et toujours pas mariée..Elle ne veut pas. et repousse toutes ses propositions - Si tu ne veux pas venir je partirai seul avec les enfants..
Elle s'installe donc au Barry et 2 de ses soeurs la suivent - Mais la vie en hiver est trop difficile et elles partent vite de cet endroit hostile où il n'y a pas d'eau courante - ou l'on vit dans une caverne - où l'on ne mange que des conserves ou du gibier - La vie de sauvage - quoi -
Nous les enfants -  nous étions heureux car nous vivions dans la nature près des animaux - des arbres des baies sauvages des fruits sauvages la liberté totale - Maman était malheureuse - et elle ne s'occupait plus de Christiane qui restait dans son pipi toute la journée - En plus elle ne marchait pas - Elle n'arrivait pas à faire un pas - Elle restait assise dans son berceau toute la journée - quand papa rentrait de la chasse il la prenait dans ses bras et lui faisait des câlins - il savait qu'elle n'était pas handicapée mais il était préoccupé car son "couple" battait de l'aile -

ils se disputaient souvent et maman le menaçait de partir s'ils ne descendaient pas vivre en "ville"

Nous allions à l'école à pied à ST PIERRE - : 7 km le matin et 7 km l'après midi - de trajet dans la forêt - Le matin nous avions droit à une distribution de Lait avec du cacao - Merci Monsieur MANDES FRANCE -
L'hiver il faisait nuit tôt et pour ne pas avoir peur dans les bois ne chantions à tue-tête des chansons - apprises à l"école - ou inventées.. Le soir en rentrant - nous étions heureux de retrouver maman et un bon repas..ma folie les crêpes et la limonade .. 

Nous étions toujours bien habillés - et nous étions respectés par les autres élèves et les maîtresses -peut être parce que différents - 

 Moi je portais des lunettes : héritage de maman - forte myopie - mes parents se sont aperçus que je ne voyais pas car à l'age de 2 ans je trébuchais et je fixais longtemps les objets avant de les toucher..
J'ai toujours été très curieuse et avide de connaître - donc je m'intéressais à tout - et je vivais très heureuse dans cet endroit que maman détestait -
Mon père était sûr de lui - comme il nous aimait plus que tout - il ne pensait pas que maman puisse être différente de lui - Il continuait donc à partir à la chasse très tôt le matin et ne revenait que le soir - souvent accompagné de ses amis ou voisins -

Il adorait la nature et le calme de la fôret - après les souffrances des camps de concentration - il se refaisait une petite "santé" et le soir lorsqu'il rentrait maman se plaignait - disait qu'elle voulait partir etc.. en plus lorsque sa famille venait la voir elle lui parlait de la ville - du confort en ville et lui disait : je ne comprends pas comment tu fais pour vivre ici ..
Le soir lorsque papa rentrait nous lui donnions par le détail tout ce qui s'était passé dans la journée au BARRY - Maman n'aimait pas ça - Elle pensait qu'on l'espionnait.. qu'on ne l'aimait pas et qu'on était du "côté de votre père"
Mais nous étions innocents et comme notre père était super sympa avec nous ; - au retour de la chasse : câlins, fruits ramassés dans les bois - gâteaux et bonbons lorsqu'il allait en ville - Nous allions plus volontiers vers lui que vers maman - qui râlait tout le temps - nous traitait de vilains et nous menaçait sans arrêt de partir et de nous abandonner..
Nous avions 7/8 ans - l'innocence -
Un beau matin papa nous dit - voila nous allons aller en ville faire des courses  et nous passerons chez l'ophtalmologiste pour les lunettes de Geneviève et ensuite nous irons voir un film et  manger des gâteaux etc.. - Beau programme en perspective –

Nous avions l'habitude de descendre en ville avec lui et à chaque fois il nous gâtait -

il aimait se promener avec ses enfants - d'ailleurs il aimait tout faire avec ses enfants - il  nous donner des conseils - vous voyez il ne faut pas faire çà c'est dangereux ou il ne faut pas dire ça etc.. l'école de la vie quoi.. 
Nous n'étions pas très exigeants car la vie à la campagne nous comblait - nous passions des journées entières à jouer avec poules -chiens,chats etc.. nous jouions à cache-cache dans les cavernes et à l'époque l'on ne parlait pas encore de pédophile - et nous pouvions rester dehors jusque tard le soir et aller dans les bois où bon nous semblait..il n'y avait pas encore de "prédateurs humains" 

 C'est ainsi que mon frère et moi-même avons visité le Barry sous tous les angles de St Pierre jusqu'à St Paul Trois Châteaux - La Cité IV etc..
Il y avait toutes sortes de cavernes avec des histoires des plus fantastiques et le bruit courrait qu'un Trésors était enfouit dans l'une d'elle - "La chèvre En OR"..
Nous avions fait un jour une découverte extraordinaire - en jouant, nous avons trouvé dans le sol - d'une de ces cavernes - des pièces en bronze..

Nous les avons ramené fièrement à la maison et papa a décrété que nous tenions le bon bout et que nous allions bientôt trouver le trésors - il y croyait et nous aussi -car on lui faisait entièrement confiance - il était fort - honnête et doux avec nous - c'était notre papa...

 - - et nous voila donc partis avec nos pelles pour déterrer le trésors qui allait faire de nous les milliardaires du village - Nous avons trouvé des poteries : 5 au total que conserve encore aujourd'hui ma soeur Christiane - des objets - tels que boucle etc.. mais pas de trésors. .Les poteries ont été mises en exposition dans le restaurant - et les touristes étaient très heureux de voir ces objet rares - qui leur rappelaient le moyen-age..
Lorsque les cars de touristes arrivaient - toute la famille était mobilisée pour les recevoir et les servir - boissons - repas : notre spécialité le pigeonneau aux petits pois - Nous avions un élevage de pigeons et les touristes qui n'avaient pas l'habitude de manger ce genre de repas étaient ravis.. Papa avait oublié sa langue natale (l'arabe)et ne parlait que le Français - et quelques mots allemands (appris à Bunchenwald )- Il recevait le journal "LE DEPORTE" et comme il ne savait pas lire - j'étais réquisitionnée pour lui lire le journal chaque fois qu'on nous le livrait -

Il me fallait lire tous les articles - et aussi la nécrologie - car il voulait savoir si des amis à lui étaient décédés.. et quelques fois il me disait celui-là je le connaissais- Il ne détestait pas vraiment les allemands : il disait "c'est ça la guerre"..

Les africains sont tolérants et acceptent plus facilement les choses et les difficultés car ils sont fatalistes et je crois que même après avoir vécu 100 ans dans un autre pays on ne change pas sa mentalité et sa façon de réagir face aux évènements.. Les gens du village l'appelaient Mr Amar "l'aigle du BARRY" -
Chaque année à Pâques il organisait une gigantesque fête qui comptait plus de 30 000 personnes -

c'était la tradition - à Pâques les gens du village et des alentours venaient au Barry pour cacher les oeufs que les enfants recherchaient dans les bois - Ils amenaient avec eux leur pique-nique et mon père organisait un bal musette où les gens dansaient toute la journée jusqu'au soir C'était féerique - On nous achetait des vêtements neufs et on nous amenait chez le coiffeur pour l'occasion.. Je me sentait comme la vedette de la fête..
Papa installait des planches en bois sur des chaises et cela faisait office de tréteaux -

et nous recouvrions ces planches de draps blancs - dans des cuvettes en plastique il y avait de gros blocs de glace et les bouteilles étaient posées sur ces blocs pour garder leur fraîcheur - les verres étaient posés sur les draps et les gens buvaient de la bière et des boissons gazeuses - C'était la fête et papa faisait son chiffre d'affaire de toute l'année..
Il n'était pas radin mais nous disait qu'il ne fallait pas gaspiller que nous pourrions un jour le regretter -
Maman elle - faisait la cuisine - cousait - et s'occupait des clients et de nous - ils ne se disputaient pas - mais elle ne se plaisait pas là haut car elle ne voyait personne -
Lui comme il nous avait eu très tard - nous aimait et nous pardonner toutes les bêtises que nous pouvions faire - ouvrir la cage des poules et les laisser s'échapper - boire dans le verre des clients les quelques gouttes de limonade ou de bière qui restaient  -

marcher pieds nus (ce qui est beaucoup plus agréable que de marcher avec des chaussures) etc.. Nous allions à l'école St Pierre et la Directrice s'appelait Mme TERRISSON - les filles étaient dans un bâtiment en pierres de taille à gauche et les garçons dans un autre bâtiment à droite - Nous mangions à la cantine - et la nourriture était très bonne - Les jours s'écoulaient ainsi tranquille au milieu de la nature et de nos parents..
Nous étions insouciants puisque nos parents subvenaient à tout..

Nous devions uniquement obéir et être sage. .Souvent papa ramenaient de la chasse des lièvres ou des petits oiseaux qu'il préparait c'était délicieux - Avec des copains il lui arrivait aussi de braconner - ce n'est pas bien me direz-vous mais qui ne l'a pas fait.. Soit il mettait des pièges - soit il mettait un furêt..
De temps en temps lorsque les beaux jours approchaient des gens venaient s'installer dans les cavernes - des "compagnons" et nous aidaient à faire les petits travaux de rénovation des cavernes qui nous étaient louées..Il nous apportaient des nouvelles du village ou de leur ville et nous étions heureux de partager eux autre chose que la vie de tous les jours

Témoignages : quand ils dansaient à Barry il y a 50 ans...

 

Il était une fois Barry, son village, et son bal. Autrefois, à Pâques, la tradition voulait que les gens se rassemblent au cœur du village troglodytique pour un pique-nique, doublé d’un bal, dont la mémoire demeure aujourd’hui 

Bollene barry3