17 -POESIES et la chanson qui le faisait pleurer

https://www.youtube.com/watch?v=TFqZcWVX1n4

 

Lion de Barbarie emblème de la ville.


Que de siècles passés depuis que dans ses murs
Les prêtres ammonites à Molok sacrifiaient,
Ou que lune et soleil que l'homme déifiait
Recevaient chaque jour la prière en murmure.

Puniques et Romains, Vandales disparus,
Byzance l'entoura de fières citadelles.
Dihya* la Kahina*, ses berbères fidèles
Combattirent en vain le Calife apparu*.

Ainsi s'islamisa cette cité prospère
Maintes fois assaillie et maintes fois conquise.
Et vous pouvez trouver en cette ville exquise
Le mausolée de Messaoud ben Boubaker.*

Il est à Souk Ahras un arbre millénaire
Auprès duquel réfléchissait Saint Augustin*.
C'est un lieu réputé de fabuleux festins
Mais je ne dirai pas ce que l'on y enterre.*

Adn 30.07.2013

*Dihya : nom d'une reine guerrière qui unifia les tribus berbères.
*la Kahina : la prêtresse ou la devineresse,
*le Calife Yazid 1er qui conquit et islamisa le Maghreb.
*Sidi Messaoud ben Boubaker : Saint patron de la ville, Cheikh de la Zaouia Qadirriyya.
*Saint augustin est né dans cette ville quand elle s'appelait Thagaste.
*La légende dit que les femmes enterraient sous cet olivier les prépuces de leurs fils circoncis, pour qu'ils aient l'intelligence de ce grand philosophe.Au Gré de la Mort

Je veux dissiper des brumes sans efforts
Sombrant le pays sans remords.
Je veux déchirer le silence du voile,
Sur le sable sans heure et sans mémoire,
Je gribouille l’automne sanglant sans faveur,
Le temps brouillé semble dormir pour toujours.

Au gré de la mort
Ô tourterelle ! Chante ! Chante ! pour mon pays,
Chante ! Encore pour l’enfant perdu,
Pour atténuer les maux des blessures imprévues
Pour désaltérer l’être assoiffé que je suis.

Au gré de la mort
Je dénigre l’hiver et son noir persistant
Repoussant la tendresse et la beauté du printemps
Où rajeunit le temps grisonnant.
Au seuil du temple, je prie à mon tour
Pour revoir mon pays se réjouir de paix et d’amour,
Je demeure l’enfant du pays pour toujours.
Au gré de la mort
Je viens débroussailler la tombe sans vie,
Je viens demander ton avis,
Il suffit d’être ici pour détromper la réalité.
Sous l’ombre de l’olivier désemparé
Je viens te chuchoter mes secrets.

Au gré de la mort
Ma mémoire se brouille et s’enfonce dans l’oubli,
Un rameau se propose d’écrire un temps de ma vie,
Le quotidien s’écoule au rythme du clocher,
Bref… Tout est rappel d’un temps ensanglanté.

Au gré de la mort
J’ai appris à réciter l’hymne sans fanfare,
Qui me rappelle le courage et la gloire.
Quand la solitude accentue l’ennui,
Sur le sable, je te dessine et j’en pleure sans cri.
Au bord de la rivière, non loin de la cité,
En jetant les cailloux sans envie,
Je m’amuse à fendre inlassablement les flots croupis.
Autour de moi, j’observe, sans mot dit,
Sans maître, sans amour et sans ami,
Le deuil ingrat remplit les boulevards engloutis.

Au gré de la mort
L’aurore rampe légèrement sur la terre molestée,
Les feuilles jaunissent les cours désertées,
L’école s’endort sur les tables du cours boycotté,
Sur les feuilles ma plume glisse sans dictée,

Je me réfugie derrière le verbe éreinté.
A la récrée, les mômes fredonnent le temps frémissant,
Sur le tableau noir sans craie et sans leçon,
J’entends

LI.BER.TE.

Le Cri du Cerisier

Là ! sous l’orgueil du temps
Pluie, neige ou vent
Entre « l'automne-bohème »
L’humeur du poème inachevé
Et les sanglots d’un enfant égaré
Un être vit de sagesse et de poésie
Au pas de la porte usée
Nos regards se croisaient,
Dérobent mystères et secrets
Attestent le serment de l’amitié
Au petit matin, son attrait Séduit
L’appétit des abeilles, des oiseaux,
Des papillons et l’enfant du soleil
Au coin de la rue attristé
À midi, tous renoncent au jeu
S’étalent sur la cour fleurie
Au gré du somme satisfait
Sans se soucier des intrus
Et la mémoire sacrifiée
Sous les ombrelles des fillettes,
Fleurs et fruits ornent les serre-têtes
Embellissent robes et jupettes
Pour être belles les jours de fête
Quand la baladeuse brise se frotte
Contre mon corps enchanté
Le feuillage frémit, se sent honorer
De la famille, je suis l'aîné
Le grand-père m'a semé ici
Pour ma bonté, mon fruit et
Ê tre témoin du temps mystifié
Les silhouettes indéfinies froissent
Déchirent « l’enfance-candide »
Le geste aux crocs inassouvis
Bouleverse l’ordre établi
Gifle l’innocence humiliée
J'ai vu le destin passer
Prendre ses vies et ses écrits,
Naissances, joies et malheurs
Les évènements se sont succédé…
J’ai vu la raison qui déraisonne
La conscience qui se fige
Le corps qui s’alourdit
L’âme qui s’enfuit…
Et le souffle qui se tue
J'avais la lourde tâche mes amis!
Protéger l’enfant du virus,
De l'intrus et la méchanceté! ...
L’enfant… Adulte devenu
Sans tarder le poète découvrit
La puissance des mots et leur magie.
Déjà ! Elle, poète, pense à la poésie.
Aujourd'hui, ma plume écrit
Cherche l’inspiration d’antan,
É voque péniblement la mémoire
Le temps s’égare, s'assoupit
Au fond de mon âme à l'abri
Refuse de ressusciter le passé
Sur la feuille froide et dévêtue…
Les souvenirs résonnent, s’éveillent
Lourdement d'une lointaine léthargie
L’ombre exclue, interdite
De la Cité « Cérasus » de mon enfance
Ose déchirer la souffrance du silence
Les sanglots et les supplices
Les rires, les joies et les bonheurs
De la fleur confisquée
Pour enfouir le mal ankylosé
Les hirondelles vêtues de soie noire
É chancrée jusqu’à la taille
Entrent en concert ce soir
Valsent au gré des murmures
Feuilles, grappes et ramures
La jouvence impose la vie
Provoque l’intimité de la pudeur
Bercée par la lumière tamisée
Peu à peu l’ombre fleurit
Cérasus pour les romains
Les arabes me baptisèrent
Le "Fruit des Rois"
Je poétise leurs tables et leurs soies!…
Noble, je l’étais autrefois…

(Le Poète chuchote à l’oreille du cerisier un petit secret)
« Sais-tu?! Quand j'ai des envies,
Je n'ose savourer les vermeils du paradis
Pour ne pas arracher l'âme du passé »

Le Lac des Aurès

Ici
Esseulée, sur la rive de la vallée
Je m'incline, j'obéis au cœur embrasé
Au gré des distances, des songes et des nuits
L'éloignement affecte mon esprit, j'écris :

Là-bas
Un étrange lac habillé de nénuphars,
Les flots verts inondent le fond de son regard
D'où s'évaporent l'ivresse et l'or du soir
Hissant haut la lyre comme un encensoir.

Là-bas
Alors qu'une goutte glisse et se pose
Sur la joue vêtue de rouge et de rose,
Les rêves débordent sur les paupières
Et l'amour réjouit l'émeraude du désert.
Là-bas

Le lac s'endort, ferme les pétales de son cœur
La rosée déchire le silence des fleurs
Ouvre le bal par un prélude d'Orphée
Grisant l'oasis du lac ensorcelée

Là-bas
L'amour frétille, s' emporte sur le pavé,
Voile sa pudeur de feuilles d'olivier,
Convoite la paisible symphonie des flots
Prise au piège comme l'île dans l'eau
Ici

Tard, dans le soir, la muse seule sur son lit,
Propose à Morphée de veiller la nuit
Auprès du cœur peiné, privé de liesse
En attendant le réveil du lac des Aurès.
Poème dédié à Orésus